Utilisation des écrans : quand se poser des questions ?

L’utilisation problématique des écrans est de plus en plus reconnue comme un enjeu de santé majeur, en particulier chez les adolescent·e·s et les jeunes adultes. Bien que les signes de cette problématique soient de mieux en mieux définis, son statut en tant que dépendance comportementale reste débattu (Shannon et al., 2022). L’absence de critères diagnostiques universellement acceptés complique son identification et sa prise en charge. Toutefois, les similitudes avec d’autres dépendances comportementales, comme le trouble lié aux jeux de hasard et d’argent, permettent l’identification de certaines manifestations spécifiques.
Les premiers signes d’une utilisation problématique des écrans ressemblent souvent aux symptômes des dépendances comportementales, tels qu’une préoccupation importante pour les activités en ligne, une difficulté à contrôler son utilisation et un recours aux écrans pour échapper à des émotions désagréables (Shannon et al., 2022). Comprendre et identifier ces premiers signes est essentiel pour intervenir rapidement et favoriser un retour à l’équilibre. Alors, à quel moment devrions-nous nous interroger sur notre utilisation des écrans ?
D’emblée, chez SBEN.ca, on préconise une approche axée sur une utilisation consciente des écrans. En ce sens, il nous apparait toujours pertinent d’avoir une réflexion active sur notre relation avec le numérique. Cependant, certains signes méritent une attention particulière, car ils peuvent indiquer un risque accru de développement d’une utilisation problématique.
Signes clés d’un potentiel déséquilibre dans l’utilisation des écrans
Passer beaucoup de temps sur son écran :
Un usage prolongé, au détriment d’autres activités essentielles (sommeil, études, travail, relations sociales), peut être un signe d’alerte.Selon les données scientifiques actuelles, une utilisation des écrans qui dépasse 6 heures par jour est associée à des conséquences sur le plan de la santé physique, mentale et sociale (Atwai & Klaus, 2012 ; Goldstein, 2024). Ainsi, si vous observez chez vous une utilisation qui outrepasse cette barre des 6 heures ou encore que votre utilisation empiète sur vos activités, il peut être lieu de vous questionner davantage.
Perte d’intérêt pour d’autres loisirs :
Certaines personnes en viennent à ne plus ressentir de plaisir dans des activités qui les intéressaient auparavant. Elles peuvent délaisser des passe-temps, des sorties ou des moments avec leurs proches, se sentant principalement attirées par le contenu numérique (Li et al., 2016 ; Shannon et al., 2022). Ainsi, si vous avez l’impression que vous avez perdu de l’intérêt pour les activités autres que celles que vous menez sur les écrans, il peut être temps de réévaluer votre relation aux écrans.
Priorisation des activités en ligne :
Quand les écrans prennent systématiquement le dessus sur d’autres sphères de la vie (travail, études, famille, loisirs hors ligne), il peut être utile de se questionner (Li et al., 2016 ; Shannon et al., 2022). Par exemple, lorsqu’un·e étudiant·e néglige ses cours pour jouer à un jeu vidéo ou lorsqu’une personne reporte sans cesse des tâches importantes pour rester à l’affut des dernières publications, cela peut laisser croire que les activités sur les écrans ont pris le dessus sur les autres obligations de la vie quotidienne.
Utilisation comme mécanisme d’adaptation :
Les activités qu’on fait sur les écrans, comme les jeux vidéo ou encore le visionnement de vidéo, peuvent devenir un refuge pour échapper à des émotions désagréables, comme la tristesse, l’anxiété ou l’ennui (Datta et al., 2024 ; Li et al., 2016). Lorsqu’une personne utilise fréquemment les écrans comme moyen de gestion émotionnelle, un cercle vicieux peut s’installer, rendant le retour à une utilisation équilibrée plus difficile. Il apparait donc judicieux de questionner davantage sa relation aux écrans lorsqu’on observe cette tendance à utiliser les écrans comme moyen de gestion des émotions désagréables.
Minimiser ou dissimuler ses activités :
Certaines personnes ressentent le besoin de minimiser ou de cacher le temps passé en ligne, que ce soit par gêne, par peur des réactions de leurs proches ou encore par prise de conscience que leur usage est plus important que ce qu’il ne le souhaite (Li et al., 2016). Se surprendre à mentir sur son utilisation des écrans peut être un signal d’alarme.
Problèmes de santé physique :
Un usage prolongé des écrans peut entraîner divers problèmes de santé, tels que des maux de tête, des douleurs au dos et au cou, ou encore une fatigue visuelle (Suris et al., 2014). Certaines personnes rapportent aussi des difficultés d’endormissement en lien avec leur utilisation du téléphone cellulaire au moment du coucher. En effet, il semble que le sommeil peut être affecté par une utilisation prolongée des écrans, notamment en raison de l’exposition à la lumière bleue en soirée, qui perturbe le rythme circadien, mais aussi en raison de la nature stimulante des contenus qui sont visionnés avant de fermer l’œil (Shannon et al., 2022). Ce genre de signes ou difficultés devrait nous interpeller et nous amener à réfléchir davantage à notre relation avec les écrans.
Que faire si l’on se reconnait dans ces manifestations ?
Le fait de reconnaitre que notre utilisation des écrans empiète sur nos activités ou encore qu’elle affecte notre sommeil ne signifie pas automatiquement que nous présentons une utilisation problématique des écrans. Toutefois, cela témoigne que notre utilisation des écrans mérite probablement un recalibrage. Voici quelques stratégies à mettre en place pour regagner un certain équilibre et limiter les méfaits associés à l’utilisation des écrans.
- Fixer des limites de temps et d’espace : Déterminer des plages horaires sans écran (ex. : 30 minutes avant le coucher) et des espaces dédiés où les écrans sont absents (ex. : salle à manger, chambre).
- Planifier des moments sans écran : Intégrer consciemment des activités hors ligne dans son quotidien : lecture, sport, marche, moments en famille ou entre ami·e·s.
- Réduire les notifications : Mettre son téléphone en mode silencieux, désactiver les notifications inutiles ou utiliser le mode « Ne pas déranger » pour limiter les sollicitations constantes.
- Adopter une utilisation plus consciente : Se poser la question : « Pourquoi est-ce que j’utilise mon écran en ce moment ? » et essayer de différencier une utilisation intentionnelle d’une habitude automatique
Et si ça ne fonctionne pas ?
Si l’utilisation des écrans devient envahissante et qu’il est difficile de retrouver un équilibre, il peut être utile de se tourner vers des ressources spécialisées. Sur notre site, nous avons répertorié des ressources d’aide, des lignes d’écoute et des outils pour accompagner celles et ceux qui souhaitent mieux gérer leur usage des écrans. Consultez notre page Ressources pour en savoir plus.
Vers une utilisation plus équilibrée
L’omniprésence des écrans dans nos vies rend leur usage quasi inévitable, mais il est possible d’adopter des habitudes plus saines et réfléchies. En restant attentif·ve aux signes précurseurs d’une utilisation problématique et en mettant en place des stratégies adaptées, il est possible de retrouver un meilleur équilibre. Les écrans peuvent être de formidables outils, à condition qu’ils ne prennent pas toute la place ! Sur SBEN.ca, notre mission est précisément de fournir les informations et les outils nécessaires pour encourager le bien-être numérique des jeunes adultes, afin qu’ils puissent naviguer dans leurs paysages digitaux de manière saine et épanouissante.
Références
Atwal, J., & Klaus, N. (2012). Problematic Internet Use in Adolescents: An Overview for Primary Care Providers.
Datta, M., Singh, S., Bhanu, P., & Bhanu, K. N. (2024). Neurobiological underpinning of problematic internet use: Paving the way for Generalised internet use disorder? Clinical Epidemiology and Global Health. https://doi.org/10.1016/j.cegh.2024.101541
Goldstein, M. A., & Goldstein, M. C. (2024). Problematic Internet Use. https://doi.org/10.1093/med/9780197640739.003.0010
Huang, S., Ma, Z., & Fan, F. (2024). Unraveling the core symptoms across distinct trajectories of problematic Internet use among 27,577 adolescents: cross-lagged panel network analyses. https://doi.org/10.31234/osf.io/3rgwb
Li, W., O’Brien, J. E., Snyder, S. M., & Howard, M. O. (2016). Diagnostic Criteria for Problematic Internet Use among U.S. University Students: A Mixed-Methods Evaluation. PLOS ONE. https://doi.org/10.1371/JOURNAL.PONE.0145981
Royo, M. C. i. (2023). Problematic Internet use in adolescent psychosocial and physiological development. https://doi.org/10.1016/b978-0-12-818872-9.00070-4
Shannon, H., Bush, K., Villeneuve, P. J., Hellemans, K. G., & Guimond, S. (2022). Problematic social media use in adolescents and young adults: systematic review and meta-analysis. JMIR mental health, 9(4), e33450.
Suris, J.-C., Akre, C., Piguet, C., Ambresin, A.-E., Zimmermann, G., & Berchtold, A. (2014). Is Internet use unhealthy? A cross-sectional study of adolescent Internet overuse. Swiss Medical Weekly. https://doi.org/10.4414/SMW.2014.14061
Weinstein, A., Feder, L. C., Rosenberg, K. P., & Dannon, P. N. (2014). Internet Addiction Disorder: Overview and Controversies. https://doi.org/10.1016/B978-0-12-407724-9.00005-7